- ARMAN
- ARMANARMAN ARMAND FERNANDEZ dit (1928- )Arman s’inscrit dans le mouvement qui s’oppose, tant aux États-Unis qu’en Europe, à l’abstraction dominant le paysage artistique des années 1950. Il est, avec son ami Yves Klein, l’un des nouveaux réalistes (1960-1963) réunis autour de Pierre Restany, théoricien du groupe. Face à un «art d’évasion», face aux peintures hédonistes ou gestuelles, et dans le contexte d’une société de consommation en pleine expansion, ils proposent une nouvelle perception du réel et s’approprient l’objet issu de la réalité quotidienne, utilisé avec toute sa force concrète et non plus dans sa transcription. Ils veulent instaurer un nouveau sens de la nature «contemporaine, industrielle, technologique, publicitaire et urbaine».Arman, qui a fait ses études à l’école des Arts décoratifs de Nice et à l’École du Louvre à Paris, ne renie pas l’héritage de Schwitters, du dadaïsme, du surréalisme et des ready-made de Marcel Duchamp; mais dans son texte manifeste, «Réalisme des accumulations» (Zéro , no 3, Düsseldorf, 1960), il souligne la nouveauté de sa démarche et du résultat. Dans ses œuvres, l’objet, le détritus, le produit manufacturé, sont pris comme les fragments d’une réalité sociologique.Dans les Cachets (1956-1958), son premier «geste accumulatif», comme dans les Allures d’objets (1959-1960) — où toutes sortes d’objets enduits de peinture posent leurs empreintes et remplacent l’outil traditionnel du peintre —, les options fondatrices de son travail à venir cohabitent encore avec une image abstraite. Puis Arman se servira directement de l’objet. Entre 1959 et 1963, il élabore des séries exemplaires, œuvres théoriques qui «prennent position face à l’histoire de l’art». Il n’y a pas de différence essentielle mais une suite logique de gestes simples entre les Accumulations , les Poubelles et les Coupes (1959-1960), les Colères (Chopin’s Waterloo , 1963, M.N.A.M., Centre Georges-Pompidou, Paris): «Mille objets ne sont pas fondamentalement différents de mille morceaux d’un même objet.» Les Combustions (1963), proches par le geste destructeur des Colères et des Coupes , contribuent à clore ce cycle initial de prise de possession et de transformation de l’objet.Arman est aussi l’auteur d’actions publiques (le Plein en 1960 à la galerie Iris Clert en réponse au Vide d’Yves Klein), et participe à toutes les manifestations et expositions du groupe. Sa renommée est désormais internationale. Il vit entre New York, Paris et Vence. Depuis 1963, Arman propose des variations sur les données existantes: les séries précédentes sont érigées en sculptures (Fétiche à clous , 1963, Städtische Kunsthalle, Mannheim), font l’objet d’une collaboration avec l’industrie (Accumulations-Renault , 1967-1969), sont incluses dans la résine de polyester (Nouvelles Poubelles , 1970-1971), se consolident dans le béton (Les Désenchantés , 1972, coll. privée, Paris), dans le bronze (À ma jolie, hommage à Picasso , 1982, musée Picasso, Antibes), et se concluent par des œuvres monumentales érigées à l’extérieur (Tour de caddies , 1984, Foire de Chicago; L’Heure de tous et Consigne à vie , 1985, gare Saint-Lazare, Paris). Arman est aussi un collectionneur, en particulier d’art africain, dont il est devenu expert reconnu. Le titre de l’une de ses séries d’œuvres, datant de 1993, est d’ailleurs Accumulations de collections .Par ses options artistiques et ses origines, Arman fut un des artistes composant l’école de Nice qui assura la relève du nouveau réalisme à la fin des années 1960.
Encyclopédie Universelle. 2012.